Crapahutages sur le dos du dragon

    Aujourd’hui, petite visite au lieu joliment nommé Dos du Dragon, site magnifique de l’île de Ngazidja. Ni une ni deux, en taxi brousse, en stop, à vélo, mobylette, voiture ou autre, tu te diriges vers le Nord-Est. Tu sais que le dos du dragon se situe à l’extrémité de l’île, quelque part entre l’île aux tortues et le Lac Salé, au bord de la mer. Tu t’arrêtes au village d’Ivouani, tu demandes où se trouve le Dos du Dragon. On t’indique la direction, tu suis la route en goudron. Tu aperçois des rochers par dessus les arbres -des bananiers et des cocotiers, surtout. Des rochers au sommet d’une colline. C’est ça… tu es proche. Il n’y a pas vraiment de routes tracées pour s’y rendre. Tous les chemins mènent au Dos du Dragon ! Le tout, c’est de trouver celui qui ne te fera pas trop galérer. Si tu croises quelqu’un sur la route, saute sur l’occasion, demande lui quel est le meilleur passage ! Entre deux barrières en pignon d’Inde, une percée, un chemin. Tu t’y engages et pénètres dans la végétation. Tu traverses des champs, croise un ou deux zébu, un petit troupeau de chèvre gambadant tranquillement. Garde bien en tête le chemin que tu as emprunté pour ne pas te perdre au retour ! Tu marches quelques minutes et arrive au pied d’une colline, pas trop haute mais quand même pentue. Tu aperçois de gros rochers noirs et rouge sombre qui se dressent sur cette colline. Grimpe !

 Ca y est, tu arrives au sommet, tu as le souffle coupé. Si ce n’est à cause de la montée, c’est dû à la splendide vue qui s’offre à toi. Approche toi du bords, mais pas trop. On ne sait jamais. C’est beau ! Admire l’océan turquoise et transparent. Tu peux distinguer la forme circulaire du cratère qui se dressait il y a de cela plusieurs millions d’années. Sur la droite, au large de la côte, un petit îlot : l’île aux tortues. Retourne toi, et admire la forêt de cocotier qui s’étend devant toi. Si tu observes bien, tu pourras apercevoir les branches grises aux formes incongrues de quelques baobabs. Un peu plus à droite, il y a une plage sur laquelle s’amusent certainement des enfants du coin. Admire les strates de sédiments qui retracent l’histoire géologique de cette zone. Regarde les pierres immenses qui composent la crête du dragon que tu viens d’escalader. Si tu as l’esprit un peu aventureux et un peu d’endurance, tu peux te balader d’une extrémité à l’autre. Selon ta vitesse, cela te fera une ballade d’une petite heure, peut être moins. Si tu préfères te poser pour pique-niquer, tu peux trouver, selon le moment de la journée, un petit coin d’ombre entre deux rochers, depuis lequel tu pourras contempler l’océan aux mille nuances de bleu. Il paraît que si l’on cherche bien, on peut trouver deux rochers ressemblant à deux dragons se faisant face et s’embrassant tendrement…

    Bon. Il est temps de rentrer. Après une petite descente rapide, tu reprends le chemin en sens inverse et atterrit presque par enchantement sur la route goudronnée. L’escapade est terminée. Tu jettes un dernier regard derrière toi. Tu ne vois que les barrières en feuilles de cocotier. Qui pourrait se douter de l’existence du dragon endormi au dos rongé par les siècles et qui semble pourtant demeurer hors du temps ?

Maïne